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Portraits de Brigitte Boisgerault et Patricia Gressent
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À Saint-Lô, réponse collective et stratégique aux enjeux d’assurabilité  

Introduction

Brigitte Boisgerault, adjointe à la politique du logement et à l’assurance et Patricia Gressent, responsable des affaires juridiques, nous présente comment la ville de Saint-Lô répond aux enjeux d'assurabilité.

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Comment avez-vous structuré votre démarche pour réduire la sinistralité ?   

Patricia Gressent :  "Notre sinistralité était très élevée, en grande partie à cause d’une méconnaissance des contrats et du fonctionnement même de l’assurance. Chaque incident faisait l’objet d’une déclaration, sans prise en compte des franchises ou des conséquences à long terme. Cette approche automatique — "on est assuré, donc on déclare" — a conduit à des résiliations et à des surprimes. 

 

Il a fallu prendre conscience que la sinistralité n’est pas une fatalité, mais un indicateur sur lequel on peut agir. Pour cela, il était essentiel de former les équipes à la culture assurantielle. C’est ainsi qu’a débuté une démarche pédagogique pour mieux comprendre les enjeux et reprendre la main sur le sujet."

 

Brigitte Boisgerault : " L’objectif n’était pas de culpabiliser les équipes, mais de les responsabiliser. Qu’elles s’approprient ces thématiques. Cette démarche a bénéficié à tous, en favorisant une meilleure acculturation au patrimoine.

  

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Image ville de Saint-Lô

Crédit photo : Ville de Saint-Lô, photographe Maxime de Saint Jores.

 

 

La cartographie des risques pour mieux assurer ?

Patricia Gressent : Pour renouveler notre marché d’assurance, il était également indispensable de réaliser une cartographie fine de nos risques. Pendant un an, nous avons recensé l’ensemble de notre patrimoine : bâtiments, surfaces, état d’entretien, dispositifs de sécurité, jusqu’aux arbres, désormais intégrés à notre SIG. Chaque arbre est référencé, avec un suivi d’entretien, afin de mieux anticiper les risques liés aux tempêtes. Cette connaissance précise du patrimoine – à l’échelle du mètre carré – a été la première étape. 

 

Elle nous a permis d’identifier les services les plus exposés, les causes de sinistralité, et de sensibiliser les agents à la notion d’assurabilité. Comprendre les risques, c’est aussi mieux identifier ce que couvre une assurance, et ce qu’elle ne couvre pas.    

 

Brigitte Boisgerault : "Au-delà des simples mètres carrés ou du nombre de bâtiments, il s’agissait d’évaluer plus finement leur état. Cela a permis d’adapter les contrats d’assurance, notamment pour les bâtiments en mauvais état, en s’appuyant sur des données concrètes."

 

 

Quel message aimeriez-vous transmettre aux collectivités prêtes à se lancer dans cette démarche ? 

Brigitte Boisgerault :  Trop souvent, les collectivités se sentent contraintes, dans une posture de méfiance, comme si elles n’avaient pas le choix. Pourtant, en travaillant finement sur les risques et en adoptant une démarche proactive, on devient acteur de sa sinistralité. Même dans des situations complexes, il est possible d’agir, de regagner la confiance de l’assureur et, j’espère à terme, d’obtenir des conditions tarifaires plus favorables. 

 

En inversant la logique – en partant de la connaissance des risques, du contrat et de la relation avec l’assureur – nous pouvons construire une stratégie efficace et durable.  

 

Patricia Gressent : La relation entre une collectivité et son assureur repose avant tout sur la confiance. Il ne s’agit pas d’être dans la défiance, mais de respecter les engagements du contrat. En étant transparents sur nos pratiques et nos évolutions, nous permettons à l’assureur d’avoir une vision claire de nos risques. Aujourd’hui, nous avons cartographié nos risques, analysé notre sinistralité, et compris notre part de responsabilité. 

Cela implique aussi de savoir jusqu’où nous pouvons réparer ou indemniser nous-mêmes, notamment via les franchises – une notion encore mal comprise dans de nombreuses collectivités. Avant, nous déclarions systématiquement, même en dessous du seuil de franchise, ce qui nuisait à notre sinistralité. Désormais, nous agissons en connaissance de cause, avec une vraie maîtrise de notre exposition et de notre responsabilité.    

 

Plus d'informations 

Retrouvez notre interview complète sur notre webmagazine SMACL INFOS de septembre 2025.